La Salanque à vélo : itinéraires cyclotouristiques en Roussillon


Voici la carte des deux boucles que j’ai réalisées au départ de Perpignan, mais vous pouvez, comme vous le voyez, démarrer de n’importe quel village sur l’itinéraire ou des cités balnéaires comme Le Barcarès ou Canet-en-Roussillon !

carte de la Salanque à vélo

Attention, ce ne sont pas des itinéraires institutionnels et balisés, ce sont des tours que j’ai faits moi-même et que je partage avec vous. La trace sur Google Maps est disponible en fin d’article.

Pour commencer, la Salanque c’est quoi et c’est où ?

La Salanque est ce territoire compris entre l’autoroute A9 et la Mer Méditerranée, délimitée au nord par l’étang de Salses-Leucate et au sud par la Têt, le fleuve côtier qui traverse Perpignan.

Son nom dérive de Salanca, les « terres salées ». Le territoire était principalement constitué de marécages salés, petit à petit apprivoisés par l’Homme pour en faire des terres fertiles. Il s’y est développée une longue tradition horticole et maraîchère. Vous pourrez vous en rendre compte au fil de l’itinéraire, même si ces terres sont aujourd’hui touchées par la sécheresse persistante et versent parfois dans un état de friches.

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Ce territoire, plat, est aujourd’hui sous l’influence du littoral (des stations balnéaires) et de Perpignan. Il est constitué de nombreux noyaux villageois, devenus par leur attractivité de petites villes, bien reliées entre elles par une myriade de petits chemins ruraux qui font le bonheur des cyclistes !

Allez, assez bavardés, maintenant, en selle !

1.    La Boucle de l’Étang – 35 km

Bompas, Pia, Claira, des celleres typiques du Roussillon

Les deux itinéraires commencent le long de la voie verte Es Têt, un projet porté par Perpignan Méditerranée Métropole, comme son nom l’indique, le long de la Têt. On laisse le Canigó, la « montagne sacrée des catalans » dans notre dos, pour arriver assez vite aux portes de Bompas. Si l’on reste sur la piste cyclable, on file tout droit vers la mer, en direction de Villelongue et Sainte-Marie. Pour notre part, nous allons bifurquer à gauche au niveau de l’avenue de la Martine, direction le centre historique.

Le village de Bompas s’est constitué à l’origine autour de son église. Ce noyau originel est appelé « cellera » (prononcez seyère) : les paysans construisaient au Moyen-Âge des celliers pour stocker leurs récoltes dans un rayon de trente pieds autour des églises, zone sacrée qui les protégeaient des vols. On retrouve cette forme urbaine particulière dans la quasi-totalité des villages et des hameaux de la plaine du Roussillon.

Après la traversée du cœur historique de Bompas, dirigez-vous vers la gauche en direction de Pia. Avant la sortie du village, vous retrouverez une piste cyclable. Le village de Pia est aussi organisé autour d’une cellera. Faites un petit détour pour voir la jolie église, en pierres et briques, elle-aussi typique de la région.

Dirigez-vous vers le stade. Ici commence une voie verte balisée au milieu des paysages agricoles : vignes et plants d’artichauds notamment, plus ou moins fleuris selon la saison de votre passage. N’oubliez pas de vous retourner de temps en temps : le Canigó majestueux vous rappelle qu’il n’est jamais loin et qu’il veille sur vous.

ceps de vigne, silhouette du village de Pia et Canigó dans le fond
Pia et le Canigó

Votre chemin vous mènera jusqu’aux vestiges d’un pont. S’il semble poser au milieu de nulle part, sachez que c’est l’une des dernières traces d’un chemin de fer qui reliait Perpignan au Barcarès !

Arrivés au niveau de la voie verte de l’Agly, ne la suivez pas et prenez la direction de Claira. Si le cœur vous en dit, prenez le temps de découvrir la cellera et l’église, sinon, traversez le village en direction du nord et de la D41. Entre Claira et Saint-Hippolyte, vous pouvez rouler sur le chemin qui longe la route départementale pour plus de sécurité. Au rond-point, prudence car vous devrez partager la route avec les automobilistes et notamment ceux qui rejoignent la voie rapide (mais ça ne dure pas longtemps promis !).

pile de pont, chemin qui passe au milieu
L’ancien pont ferroviaire

Saint-Hippolyte : direction l’étang sur les pas de Riquet

J’ai beaucoup aimé le village de Saint-Hippolyte. Sa place en longueur, agrémentée de palmiers, met en valeur l’église typique, de pierres et de briques – un mélange de tons beige et rouge magnifiés par le bleu du ciel.

L’ancien château fait face à l’église, et il faut ensuite passer devant la mairie pour filer jusqu’à un autre ouvrage remarquable : un canal conçu par l’ingénieur Riquet, célèbre entre autres pour avoir conçu le Canal du Midi.

canal et alignement d'arbre sans feuille
Le Canal de Riquet

Laissons-nous guider par ce cours d’eau artificiel. Ça-et-là, des vues sur les champs environnants nous offrent des vues sur la platitude de la Salanque. On arrive assez vite à un petit hameau au bord de l’étang qui offre une très jolie vue sur le massif des Corbières.

2 barques catalanes au bord de l'étang de Salses-Leucate
Barques au bord de l’étang de Salses-Leucate

Bienvenue à la Bonança ! Ici, une association de passionnés restaurent des barques catalanes, que vous aurez peut-être la chance d’admirer lors de votre passage. Quelques bancs font face à l’étang, on peut faire une petite pause. L’environnement est paisible.

Notre itinéraire se poursuit en direction du site de la Soulsoure. Un tout autre paysage s’offre à nous. On est ici dans une zone humide, classée Natura 2000 mais aussi Zone de Protection Spéciale en raison des 280 espèces d’oiseaux qui fréquentent cet endroit. On reste donc bien sur le sentier et on roule doucement.

A un paysage de nature prolifique succède un paysage dunaire de bord d’étang. Il vous faudra peut-être descendre du vélo si vous patinez trop dans le sable ! Un passage sur des passerelles en bois de toute beauté mérite de poser le pied à terre et de prendre le temps de la découverte.

Saint-Laurent-de-la-Salanque et l’histoire de l’Aéropostale

La balade au bord de l’étang de Salses-Leucate s’achève devant un étrange et imposant ponton en béton, un peu pataud et un peu en ruines, interdit d’accès. Ceci est le dernier vestige de la base d’essais des hydravions Latécoère, pionniers de l’Aéropostale (le transport du courrier par avion), au début des années 1930. Mermoz et Saint-Exupéry, les célèbres aviateurs, sont passés par ici, rien que ça ! Je vous conseille d’ailleurs le livre « Vol de nuit » de Saint-Exupéry si vous êtes comme moi fascinés ces aviateurs courageux (un peu fous aussi sans doute !) qui osaient affronter les mers alors que l’aviation n’en était qu’à ces débuts.

ponton en forme de L sur l'étang
Ponton Latécoère

Une belle aire de pique-nique vous tend les bras. Vous verrez peut-être aussi des kitesurfeurs s’entraîner sur l’étang !

On prend ensuite le chemin du village de Saint-Laurent-de-la-Salanque. Je vous conseille de passer par les chemins ruraux plutôt que par la ligne droite fréquentée par les camions de la sablière voisine. On reste dans un paysage de zone humide, ponctué de champs d’herbes de pampas. On croise aussi quelques chevaux.

A l’arrivée dans Saint-Laurent-de-la-Salanque, deux choix s’offrent à vous : contourner la ville par la Divisió (un chemin qui suit un cours d’eau) ou traverser la commune. Si c’est un jeudi ou un dimanche, je vous conseille cette deuxième option pour le grand marché qui prend place dans les rues du centre-ville. C’est l’occasion de se ravitailler, voire d’y déjeuner. L’église et son parvis rénové mérite également le détour.

Une fin de parcours entre patrimoine sacré et sacrés artichauts

Dans les deux cas, prendre ensuite la direction sud jusqu’à la voie verte de l’Agly, qu’une fois encore, nous n’emprunterons pas ! On traverse le pont direction Torreilles village, puis on bifurque à droite pour aller voir la Chapelle de Juhègues, lovée dans la pinède. Elle est généralement ouverte l’après-midi. De la chapelle, revenez un peu sur vos pas pour emprunter la route au pied de la digue. Aller toujours tout droit jusqu’à Villelongue-de-la-Salanque. On retrouve sur cette portion un paysage plus agricole, plus maraîcher : les traditionnels artichauts, mais aussi des bambous par exemple.

champ d'artichauts, cabane, Salanque
en attendant la floraison des artichauts

Vous verrez de petits panneaux signalant des parcours vélos : ce sont des itinéraires proposés par la ville de Torreilles, que vous pourrez retrouver ici – des parcours allant de 9 à 20km qui sont de belles alternatives aux itinéraires proposés ici s’ils vous semblent un peu trop ambitieux !

A Villelongue, deux choix encore s’offrent à vous : rejoindre la piste cyclable le long de la D12 ou alors, à l’entrée du village, bifurquer vers la droite pour rejoindre Bompas par d’autres chemins ruraux.

2.    La Boucle de la Mer – 41 km

D’Es Têt à la voie verte de l’Agly

Cet itinéraire démarre comme le précédent. En se laissant guider depuis Perpignan par la voie verte Es Têt, on rejoint Bompas puis Pia, deux villages qui se sont développés autour de leurs églises typiques et de leurs celleres.

Après Pia, une voie verte nous conduit à travers les paysages agricoles de la Salanque jusqu’à rejoindre la voie verte de l’Agly, et cette fois, oui, nous la prendrons !

paysage plat, Salanque, végétation basse
le paysage plat de la Salanque

Globalement, cet itinéraire est plus long mais aussi plus « safe » car il suit presque exclusivement le réseau de voies vertes existantes ; et le reste de l’itinéraire se situe sur des chemins ruraux très peu fréquentés.

De l’Agly à la mer Méditerranée

La voie verte de l’Agly est en surplomb par rapport au paysage très plat de la Salanque, on y aperçoit les villages de loin, comme celui de Saint-Laurent-de-la-Salanque. Vous verrez aussi, à l’approche de cette petite ville, la boulangerie AG située au pied de la voie verte, et que je vous recommande pour un petit ravitaillement ! Ouverte même le dimanche, c’est un bon spot pour faire une petite pause en terrasse, boire un petit café agrémenté d’une petite douceur (et pour les toilettes aussi !).

La voie verte de l’Agly

Un petit détour est conseillé pour aller voir la Chapelle de Juhègues (voir plus haut), puis vous pouvez revenir sur la voie verte. On longe ensuite le grand parc des Mottes de l’Agly, toujours sur la commune de Saint-Laurent-de-la-Salanque.

La voie verte de l’Agly se connecte, peu de temps après, avec l’Eurovélo 8, la Méditerranée à vélo, que nous allons suivre maintenant en direction du sud. C’est une ligne droite, heureusement agrémentée par quelques passerelles, qui réveillent les cuisses et franchissent quelques cours d’eau.

Un petit plongeon comme récompense ?

On continue à découvrir les paysages de la Salanque : entre marécages, friches et champs cultivés. Pour ne pas s’ennuyer, on peut aussi décider d’aller faire un petit plongeon dans la mer, à Torreilles plage par exemple, ou encore à Sainte-Marie-la-Mer.

plage, Méditerranée, Sainte-Marie-la-Mer, mer
Se rafraîchir dans la mer ?

J’ai opté pour Sainte-Marie (le détour par la plage de Torreilles rallonge un peu l’itinéraire), où j’ai dégusté une petite pâtisserie que je m’étais achetée à Saint-Laurent. Un peu technique de troquer la tenue de cycliste contre le maillot de bain mais quel bonheur d’entrer dans l’eau après avoir bien pédalé et transpiré !

Retour à Perpignan et dernier arrêt dans une cellera

Le retour se fait ensuite sans difficulté, en suivant la piste cyclable qui conduit de la partie littoral de Sainte-Marie au cœur de village. Ici, la voie verte sillonne le long d’un petit canal, encore un lieu très paisible, à côté des jardins des maisons. En suivant le balisage, on arrive sur la piste cyclable reliant Sainte-Marie à Perpignan, via Es Têt.

La traversée de Villelongue-de-la-Salanque constitue le seul « virage » sur cette autre ligne droite. L’église et son très joli parvis récemment aménagé mérite le détour. C’est peut-être l’occasion de faire une dernière pause avant le retour vers Perpignan !

Conclusions

J’ai beaucoup aimé parcourir ses deux itinéraires qui permettent de se rendre compte de ce qu’étaient le Roussillon, et la Salanque en particulier, avant leur essor touristique : des terres humides et des terres agricoles, ponctuées de petites villages concentrés autour de leur église.

champ de bambous
Des bambous, quelque part entre Torreilles et Villelongue

En général, je trouve que le vélo permet de mieux comprendre de quoi est fait un territoire, car on a davantage le temps qu’en voiture de s’interroger sur le type d’agriculture, sur la façon dont sont construits les bâtiments, sur les vestiges rencontrés en chemin comme celui du pont ferroviaire de Claira.

Dans quelques mois, les plages du Barcarès, de Torreilles et de Sainte-Marie-la-Mer se rempliront de touristes, et vous en ferez peut-être partie ! J’espère que cet article vous aura donné envie de mieux connaître ce territoire qui vous accueille 🙂 Mon blog contient d’ailleurs d’autres idées sorties dans le coin, à Perpignan, à Argelès-sur-Mer ou encore à l’Abbaye d’Alet-les-Bains, dans l’Aude.

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