« Une journée à Verdun », voilà un titre bien peu accrocheur, et pourtant, laissez-moi vous prouver que cette petite ville de Meuse ne se résume pas à une série de lieux de mémoire. D’ailleurs, vous verrez, je ne vous parlerai quasiment pas de la guerre. On parlera un peu de paix, on parlera de patrimoine, de confiserie et même d’Italie… je vous ai convaincus ? Allez, on embarque !
La ville basse, partie 1 : une entrée monumentale dans Verdun
C’est par une fraîche journée d’hiver que j’ai découvert Verdun. Eh oui ! Souvenez-vous, j’habitais alors dans la Meuse ! Un passage à l’Office de tourisme m’avait permis d’obtenir une petite carte de la ville, avec les principaux sites d’intérêt. Le dépliant est disponible ici.
Il faut ensuite traverser la Meuse, ce grand fleuve qui prend sa source près de Langres et qui se jette dans la Mer du Nord, près de Rotterdam. Juste après le pont, c’est l’imposante Porte Chaussée qui nous accueille. Une entrée monumentale qui nous fait comprendre que Verdun était jadis une ville fortifiée.
Suivant le parcours du livret, je ne suis pas tout de suite entrée dans le centre-ville, et j’ai bifurqué vers le nord (à droite), le long de la Meuse, pour aller voir « La Défense » de Rodin, agrandissement de la statue originale conservée au Musée Rodin de Meudon. Je suis ensuite revenue dans le centre par la Porte Saint-Paul, une autre porte historique qui permettait de franchir les fortifications, pour passer finalement devant la Chapelle Saint Nicolas, dite Chapelle Buvignier. Sa façade est parsemée d’éclats de mitraille et d’obus, héritage des deux guerres mondiales.
C’est à partir de là qu’on pénètre dans un Verdun plus animé, avec ses commerces. Il y a d’ailleurs une très belle épicerie italienne (avec fromage et charcuterie à la découpe) « La Dolce Vita », dans la rue Chaussée ! J’y avais fait quelques provisions (évidemment !) et j’étais aussi allée me réchauffer dans un café nommé « Le Point Central ». Totale immersion dans un bar d’habitués, où on s’échange des nouvelles d’une table à l’autre, où on lit le journal !
Reprenant mon chemin, je suis vite tombée sur un escalier monumental, qui forme comme un socle gigantesque au Monument à la Victoire et aux Enfants de Verdun, qui trône fièrement tout là-haut. Tout naturellement, mes pas m’ont conduit à les emprunter – une bonne occasion de me réchauffer !
La Ville haute, musée à ciel ouvert du passé verdunois
La Ville haute de Verdun est agréable à parcourir. La rue des Prêtres et la rue Mautroté conserve de belles maisons Renaissance, typique de la Meuse (on peut en voir à Bar-le-Duc, à Ligny-en-Barrois aussi). On les reconnaît à leurs façades bien ordonnées, en gros blocs de pierre claire et apparente, avec des volets colorés. J’ai été surprise de tomber aussi sur la Porte Châtel, porte du XIIème siècle dans les anciens remparts de la ville haute. Eh oui ! Tout n’a pas été perdu malgré les ravages de la Grande Guerre !!!
On trouve dans cette ville haute plusieurs musées, à commencer par le Musée de la Princerie. Attention, il n’est ouvert que d’avril à octobre ! Je n’ai pas pu le visiter, mais il accueille des collections diversifiées (militaria of course, mais aussi de la sculpture, de l’archéologie, de la peinture et des arts graphiques, des arts décoratifs, des monnaies).
- Lien vers le Musée de la Princerie
Le second musée se situe dans le Centre Mondial pour la Paix, les Libertés et les Droits de l’Homme, abrité dans l’ancien palais épiscopal. Un très beau bâtiment qu’on découvre juste à côté de la Cathédrale. On passe un premier portail, puis un second, et on arrive finalement dans une grande cour majestueuse. Il y a des expositions permanentes et temporaires. Ok, elles sont généralement en lien avec la guerre, mais pas que ! J’avais particulièrement aimé l’exposition sur les « Trésors de la Diplomatie », où l’on découvre plus de 200 cadeaux diplomatiques faits à la France (elle est toujours visitable).
- Lien vers le Centre Mondial pour la Paix
Enfin, en sortant du Centre Mondial pour la Paix, il est temps de découvrir la Cathédrale Notre-Dame-de-Verdun. Comme beaucoup d’édifices religieux, elle est composée de parties d’époques différentes, suite à plusieurs épisodes de destruction au fil des siècles, mais une harmonie d’ensemble se dégage tout de même. Il ne reste rien de l’église de 990 sinon le plan de l’église actuelle « à deux chœurs sur crypte, deux transepts et quatre tours ».
Suite à la 1ère guerre, il fallut restaurer l’édifice et dans un cas comme celui-ci où l’église a beaucoup évolué au fil du temps, se pose la question « quel état doit-on chercher à restaurer ? ». Il fut décidé de la reconstruire selon son état du XVIIIème siècle, car on disposait d’une bonne documentation. La Cathédrale avait en effet déjà été reconstruite à cette époque suite à un incendie, et c’est à ce moment qu’on y avait fait entrer quelques touches italiennes, sous l’influence de l’évêque et de son chanoine, passionnés d’histoire : le Baldaquin est ainsi inspiré de Saint-Pierre-de-Rome.
- Plus d’informations sur la Cathédrale, par ici
En sortant de l’église, j’ai décidé de revenir à la ville basse car mon ventre gargouillait. J’ai alors emprunté « l’escalier des gros degrés », passage historique entre la Ville Haute des ecclésiastiques et la Ville Basse du peuple. Ils avaient été taillés dans le roc même au départ.
La ville basse, partie 2 : douceur de vivre au bord de la Meuse
Si comme moi, vous avez fin, dirigez-vous vers le Quai de Londres. Voilà autre chose que je ne m’attendais pas à trouver à Verdun : des berges aménagées, avec des bateaux de plaisance et des terrasses de bars et restaurants se déployant le long d’une large esplanade. Un petit côté « ville balnéaire », qu’on n’apprécie bien sûr d’avantage par une belle journée d’été !
Sinon, arrivés en bas de l’escalier des gros degrés, vous pouvez bifurquer à droite. Passez devant le Marché couvert (arrêtez-vous s’il est ouvert) puis remontez la rue de Ru (oui, drôle de nom) où s’égrènent ici encore de belles demeures de la Renaissance.
On se trouve bientôt au bord de la rivière – La Sainte-Vanne – qu’on enjambe en passant par le pont-écluse Saint-Amand. Ce pont a été imaginé par Vauban et abrite un mécanisme ingénieux : en cas d’invasion, la fermeture de l’écluse engendrait l’inondation des terres en amont, et la ville était alors hors de portée des canons.
Empruntez la rue d’Anthouard pour revenir ensuite vers le centre-ville et le Quai de Londres. Un peu avant d’arriver sur les berges aménagées, on tombe sur une belle façade – celle du théâtre municipal, achevé en 1893 par l’architecte Chenevier. Inspiré du Palais Garnier, la salle de théâtre à l’intérieur est à l’italienne.
Une petite dragée avant de repartir ?
Oui, vous ne le saviez pas ? La dragée aurait été inventée à Verdun ! Pour terminer ma journée, je me suis rendue un peu en dehors de la ville, sur le site de production des Dragées Braquier. Je vous en avais déjà parlé dans un article dédié aux goûts de la Meuse.
A l’aide d’un casque audio, on découvre les différentes étapes de fabrication du célèbre bonbon, en se déplaçant au gré des ateliers, disposés le long d’un couloir de style « passage parisien ». Je ne le savais pas, mais si on vient le matin, on peut voir les artisans à l’œuvre ! La visite est gratuite, mais on craque forcément pour quelques douceurs dans la boutique… Mes préférés : les « citrons » fourrés à la pâte d’amande. A bon entendeur 😉
- Lien vers le site des Dragées Braquier
Conclusion : une ville lumineuse, loin des clichés
J’espère que cet article vous aura convaincu que Verdun, ce n’est pas que la guerre, et qu’on peut y passer une belle journée sans être un(e) féru(e) d’histoire. J’ai trouvé cette ville lumineuse, surprenante, bien entretenue et plutôt animée lorsque j’y suis retournée en plein été.
Enfin, bonne nouvelle pour les Parisiens et les Parisiennes, vous pouvez même y faire un aller-retour dans la journée (même si je vous conseillerais plutôt d’y passer le week-end entier pour ne pas trop courir) car il faut entre 1h30 et 2h pour rejoindre la ville depuis Paris Est (1h/1h15 de TGV et 30min de navette) et il y a pas mal d’aller-retours chaque jour.
Vous connaissiez Verdun ? Cet article vous a donné envie d’y aller ou d’y retourner ?
Cet article est publié dans le cadre du rendez-vous mensuel #EnFranceAussi : chaque mois, les blogueurs volontaires publient un article sur un thème donné, mettant en lumière une destination française. Le thème du mois de janvier 2024 était « Une journée à… », il est animé par Eimelle, du blog Tours & Culture.
Envie de prolonger le voyage en Meuse ?
(Si si, je vous assure, ça vaut le détour !)
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