Le Doubs Horloger : petit nouveau dans la famille des Parcs Naturels Régionaux

collines arborées ciel menaçant

J’ai étudié, un peu, les Parcs Naturels Régionaux (PNR) dans le cadre de ma thèse. Bien plus qu’un périmètre de protection, c’est un véritable outil de développement territorial. Fruit d’un travail de préparation de plus de 10 ans, un PNR c’est un groupe de communes qui s’associent et s’engagent ensemble pour la préservation des patrimoines – naturels, culturels – et pour un développement soutenable de leur territoire. C’est donc avec une grande joie que j’ai découvert, il y a quelques années, que ma terre natale travaillait activement à devenir un Parc Naturel Régional. C’est désormais chose faite. Depuis le 4 septembre 2021, le Doubs Horloger a rejoint la grande famille des Parcs !

Le PNR du Doubs Horloger, petite carte d’identité

Adossé à la frontière suisse, le Parc Naturel Régional du Doubs Horloger s’étend sur une surface de 103 918 hectares pour une population de 58 668 habitants (2021). Son paysage est caractérisé par des collines coiffées de sapins. Deux rivières le traversent, le Doubs et le Dessoubre, faisant de la préservation de la ressource en eau un des enjeux majeurs de la Charte du Parc.

La proximité avec le bassin horloger suisse rend ce territoire plutôt attractif, avec un coût de la vie élevé induit par les salaires des travailleurs frontaliers. Plus qu’un territoire en déprise, c’est donc un espace dans lequel les lotissements fleurissent très vite, grignotant les terres agricoles mais conduisant aussi à une banalisation de l’architecture. Un autre thème central qui figure parmi les objectifs du Parc : mieux encadrer l’étalement urbain des villages où la pression foncière est forte.

paysage de colline, ville en contrebas
Vue sur le Doubs depuis l’église de Morteau

Le Doubs Horloger est aussi un endroit peu fréquenté des touristes et largement méconnu en France (j’ai pu m’en rendre compte par mes déménagements successifs ^^). Il y a donc aussi, parmi les enjeux du Parc, celui de renforcer la « destination » Pays Horloger et faire connaître les belles richesses paysagères des méandres du Doubs et du Dessoubre ! Je vais donc tenter d’y apporter une petite contribution grâce à cet article !

Le Val de Morteau

Point de départ : Morteau, petite cité horlogère

Démarrons notre petit voyage par Morteau. C’est la commune la plus peuplée du Parc, avec environ 7000 habitants. La ville se trouve au fond d’une vallée, à seulement une dizaine de kilomètres de la frontière suisse.

On se trouve bien sûr dans le berceau de la fameuse « saucisse de Morteau », qu’il vous faudra déguster avant de repartir, mais il y a bien d’autres choses à découvrir par ici !

bâtiment en pierre jaune à trois étages
Morteau

L’un de ses monuments emblématiques est le Château Pertusier, rare exemple d’architecture de la Renaissance dans le Haut-Doubs. Un bâtiment remarquable qui a traversé les siècles sans ciller, ou presque. Une bataille lui aura laisser quelques éclats d’explosion visibles sur l’un de ses côtés !

Aujourd’hui, le château accueille le Musée de l’Horlogerie, où il vous sera possible d’en apprendre davantage sur la naissance et le développement de l’activité horlogère dans le Haut-Doubs et en Suisse voisine. On y retrouve des montres, des pendules et des outils servant à les fabriquer, on peut aussi admirer la reconstitution d’un atelier d’horlogerie de 1930.

maison étroite à oriel
Maison à oriel

Restez un peu à Morteau le temps de découvrir son centre-ville, doté de quelques belles bâtisses remarquables. En haut de la Grand’Rue, j’aime beaucoup ce petit immeuble étroit doté d’un oriel (une baie vitrée en surplomb au dessus du trottoir). On est alors tout près de l’Hôtel de Ville et sa place qui accueille le marché deux fois par semaine.  Vous retrouverez l’Office de tourisme sur la place voisine, Place de la Halle.

En empruntant la rue de la Chaussée, vous arriverez à l’église, dédiée à Notre-Dame-de-l’Assomption. En pierres jaunes, elle arbore un bel exemple de clocher comtois, assez sobre tout de même. Sur le parvis de l’église, il est possible d’admirer le paysage alentours, notamment le village de Montlebon juste en face.

Pour avoir une vue dégagée sur toute la vallée, je vous conseille en revanche de vous rendre au Belvédère du Mont Vouillot, entre Morteau et la commune voisine des Fins.

Côté bonnes adresses, vous pouvez vous désaltérer à la terrasse de la Guimbarde (autre bâtiment remarquable du centre-ville, d’ailleurs) ou encore prendre le goûter à Un Monde à Part !

Le Saut du Doubs, à la frontière suisse !

Le Doubs ne fait que frôler Morteau, et on voit peu la rivière depuis la ville. Pour admirer et découvrir la force des eaux, rendez-vous au Saut du Doubs, un site à la frontière entre Suisse et France. Il y a plusieurs accès, le plus facile et le plus propice à une balade familiale se fait depuis le côté suisse : on peut se garer après un grand virage en épingle, à la sortie du village des Brenets, et continuer à pied.

Il faut prendre un petit chemin en contrebas. Le parcours est majoritairement goudronné, vous surplomberez le Doubs qui s’écoule en contrebas au milieu des gorges. Vous apercevrez peut-être quelques canoës, et des bateaux-mouches : il est en effet possible de se rendre au Saut du Doubs par bateau, depuis Villers-le-Lac.

On arrive bientôt vers un pont, menant à un bar et un restaurant. À quelques pas de là, ce sont les cascades ! L’idéal bien sûr est d’y aller après de fortes pluies, ou au printemps juste après la fonte des neiges. Ma photo date d’août 2020, c’était donc plutôt la sècheresse, mais l’avantage est que nous avons pu tremper nos pieds dans l’eau (en haut de la cascade, un peu en amont de la chute) !

Les fermes comtoises à Grand’Combe-Châteleu

Depuis le Saut, si on remonte le Doubs, on traverse donc d’abord Villers-le-Lac, puis Morteau. Si l’on continue, on arrive à un autre charmant village : Grand’Combe-Châteleu. Déjà depuis la route qui conduit à Pontarlier, on voit de belles et grandes fermes posées là au bord du Doubs, et cela donne déjà envie de s’arrêter.

La ferme comtoise est une architecture phare du Doubs, et par conséquent du Parc Naturel Régional du Doubs Horloger. Ces maisons imposantes abritaient à la fois la famille élargie du paysan, son bétail, et le fourrage stocké à l’étage. Son toit pentu était pensé pour les hivers rigoureux et abondamment enneigés.

ferme comtoise en illustration

A Grand’Combe-Châteleu, un ensemble de « fermes-musée » se visitent. On peut y découvrir les secrets de construction de ces vieilles bâtisses ainsi que plusieurs métiers d’antan tels que le forgeron ou le charron. Vous découvrirez comment fonctionne le « tuyé », cette drôle de cheminée à chapeau qui permet de fumer de la viande !

La Vallée du Dessoubre

La Roche du Prêtre

Le PNR s’appelle « Doubs » Horloger, mais il ne faudrait pas oublier le second cours d’eau majeur du territoire, le Dessoubre, qui n’a rien à envier à son grand frère ! L’ambiance est différente, plus intime, la vallée étant plus étroite et plus fraîche. Avant d’y descendre, prenons le temps de la contempler d’en haut, depuis un belvédère où je vais depuis toute petite : la Roche du Prêtre !

belvédère donnant sur une vallée, colline pleine de sapins, ciel brumeux
jour brumeux à la Roche du prêtre

Attention si vous avez le vertige, car ce point de vue est en fait tout en haut d’une falaise, et surplombe le vide. On y a une vue imprenable sur le cirque de Consolation. Une forêt dense est à nos pieds, ainsi que de grands pans de roche au milieu desquels on devine quelques grottes. Au milieu des arbres, apparaît aussi un monastère : il s’agit du Petit Séminaire de Consolation.

monastère et sa chapelle
Le Petit Séminaire de Consolation

Le Cirque de Consolation

En reprenant la voiture et en partant à l’assaut des nombreux virages, on pénètre petit à petit dans la Vallée du Dessoubre. Il fait déjà plus frais et les arbres hauts nous cachent du soleil. Puis se dévoile le Séminaire de Consolation. Il a longtemps accueilli des religieux, je me souviens notamment des sœurs missionnaires qui venaient ici des quatre coins du monde. Ce fut aussi une école !

Le site est encore ouvert au public. Vous pourrez entrer notamment dans la chapelle, elle aussi plutôt sombre, avant de partir vous promener dans le grand parc, qui mène ici encore à de belles cascades. Un petit autel avec une Vierge permet aussi de se recueillir le long du parcours. Les plus sportifs entameront une des randonnées qui permettent de crapahuter dans les rochers, les autres se contenteront d’un aller-retour dans le cirque. 

Saint-Hippolyte, confluence du Doubs et du Dessoubre

Depuis Consolation-Maisonnettes, on peut continuer en voiture à sillonner les routes étroites du fond de vallée. La rivière et la route ne se quittent pas, elles font les mêmes virages, les mêmes détours. On retrouve un paysage un peu plus ouvert à l’approche de Saint-Hippolyte, où le Dessoubre retrouve le Doubs !

Saint-Hippolyte est situé à l’extrémité nord-ouest du PNR. Labellisé « Cité Comtoise de Caractère », c’est un bourg à l’air médiéval, qui ressemble peu aux villes et villages du Haut-Doubs, que nous avons vus avant. Les ruelles sont étroites et l’ensemble des commerces se concentre autour de l’artère principale, très passante puisque c’est une route départementale. La place de l’Hôtel de Ville a beaucoup de charme, avec sa belle fontaine. Non loin de là se trouve l’église. De l’autre côté de la Départementale, il  y a un vaste Couvent d’Ursulines, qui a presque les pieds dans l’eau ! J’ai aussi beaucoup aimé le bâtiment restauré de la médiathèque, avec sa jolie tour à colombages.

Bien manger dans le Doubs Horloger

Il n’est pas impossible que ce soient des raisons gourmandes qui vous incitent à venir passer quelques jours ou quelques semaines dans le Doubs Horloger. J’ai brièvement parlé de la Saucisse de Morteau, mais le territoire est globalement réputé pour ses charcuteries fumées. Vous trouverez de quoi remplir le coffre de votre voiture au Chalet Jacquet, à la sortie de Morteau en direction de Pontarlier.

Bien sûr, n’oublions pas les fromages locaux : le Comté, doux ou fruité, le Morbier, le Mont d’Or en hiver, la Cancoillotte… il y en a pour tous les goûts ! De nombreux villages sont dotés d’une fromagerie et certaines d’entre elles proposent même des visites si vous souhaitez découvrir comment ils sont fabriqués.

part de tarte et thé
Un Monde à Part à Morteau

Côté restaurant, si vous êtes de passage au printemps, pensez à aller déguster des cuisses de grenouilles, à l’Auberge de Gigot, par exemple, au bord du Dessoubre, ou au Restaurant de la Grotte à Remonot, à côté d’une petite chapelle troglodyte. Je pense également au restaurant « Les Perce-Neige », qui est aussi un hôtel, à Bonnétage.

Pas très loin du Saut du Doubs, il y a le Restaurant du Port à Villers-le-Lac, au bord du lac de Chaillexon (prononcez Chaillisson), et sur les hauteurs de Montlebon, à côté de Morteau, le Charron ravira aussi vos papilles !

A bientôt dans le Doubs Horloger …

La balade s’arrête ici pour l’instant mais j’aurais encore tant de choses à vous raconter sur ce joli coin de Franche-Comté qui m’a vu naître ! D’ailleurs, j’en avais déjà parlé brièvement dans un article collaboratif sur le blog de Ciccia&Cerva… et le Haut-Doubs sera sûrement l’objet de prochains articles. En attendant, je vous conseille aussi mon article sur Besançon !

N’hésitez pas à m’écrire si vous passez dans le coin, je serai ravie de vous donner d’autres idées de sortie !!

Alors, séduits par le Parc Naturel Régional du Doubs Horloger ?
V
ous le connaissiez déjà ? Envie d’y retourner ?

___

Cet article a été écrit dans le cadre du rendez-vous En France Aussi du mois d’avril, sur le thème des Parcs Naturels Régionaux. La « boss » du mois est Sylvie, du blog Le Coin des Voyageurs. Retrouvez les autres articles sur la carte ci-dessous :

6 réponses à « Le Doubs Horloger : petit nouveau dans la famille des Parcs Naturels Régionaux »

  1. encore un secteur que je ne connais pas mais que j’ai très envie de découvrir !

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    1. Eh bien je ne peux que vous y encouragez 🙂

      Aimé par 1 personne

  2. Ahlala, déjà que j’avais envie d’une bonne assiette comtoise l’autre jour, ton article n’arrange rien !! On avait adoré nos vacances dans le Doubs il y a 3 ans, mais on n’avait pas été vers Morteau. On y retournera avec plaisir en tout cas (même si la météo est chafouine, ce que vous autres Francs Comtois omettez toujours de dire !!)

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    1. Ah c’est vrai que nos produits du terroir sont un vrai atout pour attirer des visiteurs… au contraire de notre météo, je dois bien l’avouer. Cela dit, aux moments des canicules, ce peut être une belle destination refuge 🙂
      Vous étiez allées dans quel coin du Doubs ? Je dirais que globalement tout le département est beau à voir, j’ai d’ailleurs un gros coup de coeur pour la vallée de la Loue, mais Morteau et environs valent uand même bien un petit week-end, ne serait-ce que pour charger le coffre de la voiture de fromages, charcuteries, caramels, limonades etc.

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  3. bienvenue au petit dernier PNR ! C’est une bonne nouvelle pour le territoire d’avoir obtenu ce label. Les petits sauts et cascades me donnent envie de le découvrir.

    Aimé par 1 personne

    1. Oui, et il y a pleins d’autres jolies cascades à découvrir ailleurs dans le Doubs… 🙂 il faut juste éviter le plein été où elles sont généralement à sec !

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