S’il y a bien un attraction incontournable dans les Pyrénées-Orientales, c’est le train jaune. Reliant Villefranche-de-Conflent à Enveitg, il parcourt la Vallée de la Têt le long des falaises escarpées ou défie le vide sur de sublimes ponts. A basse vitesse, il est un moyen de transport idéal pour découvrir une géographie changeante, à mesure que l’on gravit (ou que l’on descend) les mètres d’altitude qui séparent la Cerdagne et le Conflent…
Prendre le train jaune, oui, mais pour aller où ?
C’est la question que je me suis posée l’an dernier quand j’ai voulu, avec de la famille en visite à Perpignan, prévoir une échappée à la journée sur le train jaune. Je vous propose ici le récit de notre journée passée à Odeillo et Via, au départ de Villefranche-de-Conflent, mais d’autres destinations et activités sont bien évidemment possibles ! Quelques idées ci-dessous :

Rapide histoire du Train jaune
Mise en service en 1910, la ligne de Villefranche-de-Conflent à Bourg-Madame a été réalisée afin de désenclaver la Cerdagne, haut plateau des Pyrénées que se partagent la France et l’Espagne. Elle sera prolongée en 1927 jusqu’à Latour-de-Carol-Enveitg.
Sa construction est le résultat de longues études d’ingénierie et de prouesses techniques, car il a fallu à la fois s’adapter au contexte de montagne, avec ses forts dénivelés, ses lourdes chutes de neige et de grands vides à franchir ! L’histoire complète est à retrouver sur le site officiel du Train jaune.
Le Train jaune est aujourd’hui une ligne touristique mais pas seulement ! Le Comité d’Usagers de la Ligne du Train jaune se bat pour que les trajets soient plus fréquents et les horaires adaptées aux habitants et travailleurs de la vallée. De cette façon, la ligne pourrait être une réelle alternative à la voiture et faciliter les déplacements du quotidien.
Notre parcours
La gare de Villefranche-de-Conflent
Nous nous sommes rendus en voiture jusqu’à la gare de Villefranche-de-Conflent. Nous avions anticipé (arrivée une demi-heure avant l’heure du train) au cas où le parking serait déjà bien rempli, mais nous étions hors périodes de vacances ou de pont, nous avons donc pu nous garer sans problème. Notez tout de même que le parking est payant.
Depuis Perpignan, il est également possible de venir en train ou en bus. La ligne de TER entre Perpignan et Villefranche est actuellement fermée suite à un éboulement (toujours d’actualité au 05/04/2025), mais ce ne devrait pas être définitif !


Puisque nous étions en avance, nous avons eu tout le loisir de photographier le beau train jaune avant d’embarquer. Les wagons sont spartiates, à l’ancienne, nous plongeant tout de suite dans l’ambiance. Pour les moins frileux, il existe aussi un wagon à ciel ouvert ! Nous sommes restés sagement à l’intérieur.
Remonter la Vallée de la Têt
Le trajet démarre par un tronçon qui longe les fortifications de Villefranche-de-Conflent. Il s’agit d’un site Vauban, également classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Puis le train s’enfonce dans la forêt, à flanc de montagne, d’un côté puis de l’autre, lentement. On aperçoit ça-et-là des hameaux et des villages en contrebas, avec leurs toits de lauze. On est déjà dans une ambiance de montagne, bien différente des environs de Perpignan.
Juste avant le village d’Olette, on peut voir deux tours médiévales, elles appartenaient au château de la Bastide, aujourd’hui en ruines.



A la gare de Thuès-Carança, des jeunes avec d’imposants sacs à dos sont descendus, peut-être allaient-ils faire la randonnée des Gorges de la Carança ?
Un peu plus loin, on franchit le Pont Séjourné. Il y a un grand virage juste après, alors retournez-vous pour voir ce bel ouvrage d’art (ou vous le verrez au retour).
Viennent ensuite le village de Fontpédrouse et les Bains de Saint-Thomas. Attention, si la gare porte le nom des bains, ceux-ci sont situés à environ 3 km de là. Après cette halte, le train franchit à nouveau le vide sur une grande passerelle : le Pont Gisclard.



Mont-Louis un jour d’orage, en 2023…
Le paysage s’ouvre un peu, il y a plus de lumière au dehors. C’est à la gare de la Cabanasse qu’il vous faudra descendre pour visiter une autre ville fortifiée, toujours utilisée comme site militaire : Mont-Louis. On ne voit pas la citadelle depuis la voie de chemin de fer, mais ne vous inquiétez pas, elle est bien là, à 1,5 km de marche de la gare.
On débouche bientôt en Cerdagne, ce plateau où d’un coup, la forêt se dissipe et on se retrouve au milieu de vastes champs. C’est un paysage ouvert, verdoyant, surprenant pour nous qui arrivions de la plaine sèche du Roussillon. Il y a des petites fleurs, le soleil est bien haut dans le ciel.

Odeillo-Via
Le Four Solaire
Nous avions jeté notre dévolu sur la destination de Font-Romeu-Odeillo-Via que j’avais identifiée pour plusieurs raisons. La commune regroupe en effet la célèbre station de ski (tout en haut) de Font-Romeu, puis le village d’Odeillo et enfin, celui de Via, où est située la gare. Nous ne sommes pas montés jusqu’à Font-Romeu, nous nous sommes contentés d’arpenter les deux autres villages.
En remontant la RD29 puis en suivant les panneaux, nous avons marché jusqu’au Grand Four solaire d’Odeillo. Ce bâtiment n’est objectivement pas très beau, moderne et couvert de miroirs, mais il s’agit là d’un site d’une très grande importance pour la recherche scientifique. Le Four solaire d’Odeillo est l’un des deux plus grands fours fonctionnant à l’énergie solaire au monde. Le jeu de miroirs – ceux du bâtiment et ceux disposés dans le champ en face, permet d’obtenir de très hautes températures.

Le site accueille le laboratoire PROMES du CNRS qui réalise de nombreuses recherches et expérimentations, notamment sur le comportement des matériaux exposés à de très fortes chaleurs. Quelque chose qu’on ne voit pas tous les jours ! Sans entrer dans le bâtiment, on peut découvrir l’histoire du site et les évolutions successives des fours solaires grâce à des prototypes exposés et des panneaux explicatifs.
Le village d’Odeillo
Depuis le Four solaire, un petit sentier permet de rejoindre le village d’Odeillo. On arrive au niveau de la mairie. De là, vous aurez une très belle vue sur le plateau de Cerdagne, vallonné sans être franchement montagneux. On peine à croire qu’on est toujours dans le même département que Perpignan, tant on se sent dépaysé !


Le cœur du village d’Odeillo s’organise autour de l’église Saint-Martin – une église de village sobre, en pierre. Tout autour, de grosses maisons se serrent, aux façades tantôt enduites, tantôt de pierres apparentes. Les toits sont pentus, il faut s’imaginer les hivers rigoureux que connait ce territoire.
Nous avions aussi choisi cette destination pour manger à l’Auberge de la Chouette, labellisée « Bistrots de Pays ». Une adresse que je vous aurais volontiers recommandée et qui avait grandement contribué à nous faire apprécier la journée… malheureusement, j’ai découvert en écrivant l’article qu’elle avait définitivement fermé ses portes.

Vous pouvez, en alternative, pique-niquer à Odeillo : des tables destinées à cet effet sont installées dans le parc à proximité de la mairie.
Le village de Via
Du côté de Via, au sud de la gare, la chapelle Sainte-Colombe mérite le détour. Elle n’était pas ouverte lors de notre passage. C’est le clocher-mur qui vous indique qu’il s’agit d’une église, sinon, on pourrait aisément la confondre avec une petite ferme.
L’entrée est marquée par un joli portail en pierre et ses deux colonnettes. Une curieuse petite tête la surmonte, un élément probablement réemployé d’un décor antérieur à la construction de l’église.
Vous pourrez poursuivre la promenade vers le cœur du village de Via, plus au sud. Ici encore, des petites rues pentues, d’imposantes bâtisses en pierres, avec de petites ouvertures et de grands toits de lauze. On a également apprécié les jolies percées sur le paysage. Vous apercevrez peut-être quelques vaches dans les champs.

Il y a, a priori, deux restaurants (dont une table d’hôtes) dans cette partie du village, mais nous ne les avons pas testés. Pensez peut-être à les appeler avant votre venue si vous souhaitez y déjeuner.
Retour à Villefranche-de-Conflent
Après un tour dans le village de Via, nous sommes retournés attendre à la gare le retour du Train Jaune. Celui-ci était ponctuel et nous sommes remontés à bord pour redescendre dans la vallée.
Nous avons, un peu comme à l’aller, passé une bonne partie du voyage debout devant les fenêtres, à tenter de capturer avec l’appareil photo les jolies vues offertes par le train – comme par exemple le village de Bolquère, lové dans la colline, au nord du chemin de fer.

A l’arrivée à Villefranche-de-Conflent, nous avons pris le temps d’aller découvrir la cité fortifiée. La visite des Remparts, du Fort Libéria ou encore de la Grotte des Canalettes sera pour une autre fois ; nous nous sommes contentés de flâner dans les rues et de regarder les devantures des boutiques artisanales ou de produits locaux. En pleine saison, la cité fourmille de monde, mais à ce moment-là, elle était plutôt endormie et l’on y était quasiment seuls ! Un peu de calme et encore un petit shot de patrimoine pour clore en douceur cette jolie journée…

Conclusion
Nous avons beaucoup apprécié cette journée sur le Train Jaune. C’est une expérience assez incontournable quand on vit dans les Pyrénées-Orientales, et que je me devais de faire au moins une fois !

Ce ne sera probablement pas la dernière fois, car j’ai encore pleins d’idées pour d’autres journées de découverte en Cerdagne :
- En descendant à la gare de Sainte-Léocadie, on peut notamment aller visiter le Musée de Cerdagne, installé dans une ferme traditionnelle et son jardin.
- A Bourg-Madame, on peut franchir la frontière et aller en Espagne visiter la ville de Puigcerdà (mais pour ça, je resterais plutôt une nuit sur place).
- En s’arrêtant à Saillagouse, on peut parcourir 3km et se détendre dans les Bains de Llo, connus pour ses eaux chaudes sulfureuses, naturellement à 35°C ! Il y a aussi la Lud’Oh! Gare, bar à jeux situé juste à côté de la gare !
Autant d’idées de balades que vous pouvez vous aussi tester (et me dire après ce que vous en avez pensé !!!) Je vous laisse maintenant avec quelques infos pratiques pour planifier au mieux votre escapade !

Infos pratiques
Comment connaître les horaires du Train Jaune ?
Vous pouvez trouver les horaires et les principales informations utiles sur le site officiel du Train jaune. Je vous recommande de prendre vos billets en avance, surtout en haute saison.
En résumé, plus vous allez loin sur la ligne, moins vous aurez de temps à destination. À vous de calibrer votre journée en fonction de votre rythme. En ce qui nous concerne, nous avions environ 4h sur place, et nous avons eu sans problème le temps de visiter tranquillement les abords du Four solaire, les villages d’Odeillo et Via, ainsi que de déjeuner au restaurant.
De façon approximative, vous aurez environ :
- 5h sur place si vous vous arrêtez à Mont-Louis
- 4h à Odeillo
- 3h à Saillagouse
- 2h à Bourg-Madame
Point de vigilance : les activités ne sont pas nécessairement juste à côté des gares. Bien vérifier sur Google Maps la distance à parcourir et le dénivelé éventuel !

Quand prendre le train jaune ?
Il ne circule pas pendant une partie de l’hiver (en 2025, cétait au mois de mars) et il peut être vite bondé pendant les vacances scolaires (été et hiver). Si vous pouvez y aller un week-end en dehors de cette période c’est l’idéal. Mi-mai pour nous (hors période de ponts), nous n’étions pas seuls mais les wagons étaient peu remplis.
Y a-t-il des toilettes à bord ?
Il n’y a pas de WC à bord, mais les gares sont équipées de toilettes propres et gratuites. Pensez donc à prendre vos dispositions !
Cet article a été écrit dans le cadre du rendez-vous « En France Aussi » du mois d’avril. Le thème, chapeauté par Sophie, était « Chemins de fer et de pierre ». Comme chaque mois, les blogueurs et blogueuses qui le souhaitent peuvent participer à ce rendez-vous en publiant un article sur une destination française en lien avec le thème choisi. Les autres articles du mois sont répertoriés sur la carte ci-dessous :
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