En mai, je participe pour la première fois au rendez-vous #EnFranceAussi. Chaque mois, les blogueurs qui le souhaitent peuvent écrire un article sur un thème donné et qui met à l’honneur une destination française. Virginie, du blog Les Aventures d’Arthur et Thibaut a proposé le thème « se la couler douce » pour le mois de mai. Pour moi, cela évoque l’eau (qui peut couler doucement) et la détente. Alors je vous emmène à la découverte des villages des bords de l’Ornain, véritables havres de paix.
L’Ornain, c’est où ça ?
L’Ornain est une rivière française qui prend sa source près de Gondrecourt-le-Château, dans la Meuse, pour se jeter dans la Saulx à Étrepy, dans la Marne. Comme de nombreuses rivières, elle a alimenté pendant plusieurs siècles des moulins, des manufactures, des usines, et permis à la vallée de développer diverses activités économiques, comme l’optique ou le textile.

Une balade en vélo ou en péniche ?
Les différents villages dont je vais vous parler peuvent être reliés facilement en vélo, car, en plus d’être traversés par l’Ornain, ils sont aussi pour la plupart baignés par le Canal de la Marne au Rhin. Celui-ci est navigable, et également bordé d’une vélo-route (presque) toute plate. Oui, petite montée au niveau des ponts et des écluses, mais rien de bien méchant. En plus, quel plaisir de se laisser descendre à toute vitesse les cheveux au vent ! Enfin, porter un casque quand même, ce sera plus prudent.


C’est donc une paisible balade de 18 kilomètres qui vous attend, au fil de l’eau, loin du monde et de l’agitation, entre vieilles pierres et immersion dans la nature. Je vous mets ci-dessous une petite carte pour vous repérer : nous partons de Saint-Amand-sur-Ornain pour arriver à Guerpont.

Saint-Amand-sur-Ornain et Nasium
Le premier village de notre balade a des allures de ville-fantôme. La cinquantaine d’habitants qu’il compte se concentre surtout le long de la route départementale, qui constitue son axe principal. En contrebas, trois rues sont bordées de maisons de pierre dont les volets n’ont pas l’air d’avoir été ouverts depuis longtemps. L’Ornain est divisé en deux cours d’eau ici, le lit principal s’écoule à l’extérieur du centre habité, près du Canal, tandis qu’une dérivation vient lécher les murs des façades. Pas un chat par ici, mais les oiseaux sont bien là, ils s’en donnent à cœur joie avec leurs chants, comme s’ils étaient seuls au monde… et c’est un peu le cas. Profitons un peu de leur concert avant de se remettre en selle !


Sur la piste cyclable, à mi-chemin entre Saint-Amand et le village suivant, on arrive vers une écluse un peu particulière : le Canal enjambe un autre cours d’eau, la Braboure, qui se jette dans l’Ornain plus bas. C’est un peu la rencontre de la nature avec la culture, entre le ruisseau sauvage et l’eau canalisée.
De là, on ne perçoit plus Saint Amand, et pas encore Naix-aux-Forges, pourtant, à quelques mètres de nous s’étendait jadis la cité de Nasium, une des plus grandes villes romaines de Lorraine avec Metz. Elle s’étendait sur 120ha, et on en a retrouvé trace sur le territoire de trois communes actuelles. Un centre d’interprétation se visite au bord de la route départementale, à Saint-Amand justement. Des fouilles ont lieu régulièrement.
Naix-aux-Forges
Nasium a légué son nom à Naix-aux-Forges, où l’on arrive quelques coups de pédale plus loin. Une belle maison restaurée vous accueille à la sortie du Canal. Un petit tour dans le village s’impose. C’est un de mes coups de cœur dans la vallée, car ici encore, l’Ornain se dédouble et vient nous surprendre à plusieurs coins de rue.

Le lit principal, large et sauvage, fait quelques cascades qui s’ébattent à gros bouillons lors des périodes de pluie comme en janvier, la première fois que j’y suis passée.
La dérivation sillonne entre les maisons, qui semblent ici véritablement habitées, et sont plus entretenues qu’à Saint-Amand. Il y a des fleurs sur les fenêtres, quads et voitures garés devant les maisons. Des personnes âgées papotent sur le pas de leur porte et vous regarderont peut-être d’un œil curieux (on se croirait presque dans les villages reculés d’Italie ! haha)

Ces dérivations permettaient autrefois de faire arriver directement l’eau au cœur du village en le canalisant, ce qui augmentait sa force et donc pouvait activer différents mécanismes, des moulins notamment. Il est possible de faire une pause sur la placette devant l’église. Il y a quelques bancs pour s’asseoir et contempler le beau clocher qui s’offre à nos regards.
Menaucourt, Longeaux et Givrauval
En poursuivant notre route, nous arrivons à Menaucourt. Un beau point de vue sur le village se trouve au niveau d’une écluse, où, ici encore, le Canal vient enjamber un autre cours d’eau, et cette fois, c’est l’Ornain en personne ! Le Canal – et sa piste cyclable – s’éloignent ensuite pour quelques kilomètres de la rivière. Il vient desservir les villages de Longeaux et de Givrauval. Leurs deux jolies églises sont à signaler.

Celle de Longeaux est en cours de restauration, il s’agit d’une église fortifiée. Ce type de monuments, qui s’observent dans les villages qui se sont retrouvés au centre de batailles pour la conquête de territoires, alliait une vocation religieuse et une vocation militaire. L’objectif était de pouvoir protéger la population en cas d’attaque, et d’y lancer des munitions également ! L’église Saint-Gengoult a été fortifiée à partir du XVe siècle, et on peut encore voir de l’extérieur six fenêtres de tirs sous la toiture.
L’église de Givrauval, dédiée à Saint Quentin, est moins monumentale, mais trône aussi fièrement en haut du village. On y accède par une belle grimpette (vous êtes autorisés à descendre de votre vélo s’il n’est pas électrique !), et mérite le coup d’œil.



Ligny-en-Barrois
L’Ornain et le Canal se retrouvent à Ligny-en-Barrois, ma ville ! Le centre se développe justement d’un cours d’eau à l’autre. Une petite ville qui garde son allure de cité médiévale, avec un noyau urbain très dense de petites façades étroites. Je reviendrai plus en détail sur cette ville dans un prochain article… pour cette fois, concentrons-nous sur la balade bucolique que je vous ai promise !

Au bord du Canal, le débarcadère est un port où peuvent accoster les péniches. Il y en a toujours quelques-uns stationnées… comme une irrésistible invitation au voyage pour les badauds contraints à flâner dans leurs 3 ou 10km autorisés en temps de pandémie !
Le relais nautique est aussi une halte pour les camping-cars, et l’on peut s’asseoir un moment sur l’herbe pour une petite pause bien méritée, pour un petit quatre-heures ou pour le pique-nique.
Côté pause et détente, je vous conseillerais malgré tout d’aller plutôt de l’autre côté du centre-ville (mais seulement à quelques minutes de vélo), dans le grand Parc des Luxembourg, baigné par l’Ornain. En traversant le centre, n’hésitez pas à vous arrêter prendre une petite gourmandise dans l’une des boulangeries (comme le Barisien ou les Lorgnons de Ligny), ou alors, si vous êtes plutôt « salé », une mini quiche lorraine de la Maison Percio (boucherie-traiteur). Un régal !


Le Parc des Luxembourg est un site classé au titre du Code de l’Environnement. D’une superficie d’environ 8 hectares, il était déjà le lieu de repos des Comtes de Luxembourg au XVIe siècle, et n’a guère changé depuis. De hauts arbres élancés, plusieurs petits chemins et la rivière presque immobile, voilà le décor. Récemment, des transats colorés ont été installés ici et là, et invitent à se reposer, voire à y passer toute une après-midi de bronzette… Ligny Plage, ça vous tente ?
Sur l’autre rive, un peu cachée par la végétation, on devine plusieurs belles demeures bourgeoises. En sortant du Parc sur la rue de Strasbourg, empruntez le pont pour avoir une très jolie vue sur la Tour Valéran (vestige des fortifications anciennes), l’Ornain et les façades donnant sur la rivière.
Velaines et Nançois-sur-Ornain
Le village suivant s’appelle Velaines. Sa rue principale coïncident avec la route départementale, ce qui n’en fait pas le village le plus agréable à parcourir. Notons tout de même la jolie placette de l’église, et l’église elle-même, qui semble fraîchement restaurée.
En s’éloignant de l’axe principal, on regagne l’Ornain, qui semble partager la commune en deux. Le pont de pierre nous fait arriver « rue de la Petite Velaines » (n’est-ce pas mignon ?) et nous ne sommes alors plus très loin du village de Nançois-sur-Ornain.

Nançois a une forme en « V », avec une église trônant fièrement au milieu. Une grande allée plantée, en montée, accompagne les fidèles jusqu’au portail. Cela donne à l’édifice une certaine monumentalité. Ici encore, on retrouve ce tissu urbain typique de la Lorraine, avec ses petites maisons à un étage, toutes collées les unes aux autres comme si elles voulaient prendre le moins de place possible. Les volets et les portes, colorés, égayent le ton « pierre » des enduits ou des murs maçonnés.
Ce que j’ai beaucoup aimé, dans ce village, c’est le soin qui a été apporté à l’espace public, la chaussée et ses abords sont neufs et donnent un côté « bien entretenu » à la commune. Ça donnerait presque envie de s’y installer !


Tronville-en-Barrois
Depuis Nançois-sur-Ornain, on arrive à Tronville par l’avenue de la gare, le long de laquelle se trouve, justement, une gare que se partagent les deux communes. Peu de trains par ici, quelques courses journalières vers Nancy, Commercy et Bar-le-Duc, mais le bâtiment semble flambant neuf. En face, le mur peint de l’Hôtel-Restaurant de la Gare, ou « Chez Gaston » nous rappelle qu’à une époque, il devait y avoir du passage par ici. Malheureusement, le commerce a fermé, mais le grand bâtiment est en travaux, une nouvelle vie l’attend.


Tronville-en-Barrois est un gros bourg. Il mérite qu’on s’y attarde un peu, qu’on se perde dans ses nombreuses ruelles pour admirer les jolis monuments qu’elles abritent. Je vous invite à découvrir l’église de l’Immaculée-Conception, fortifiée elle-aussi, comme à Longeaux. A voir également (de l’extérieur) la mairie et l’école, qui étaient au XVIIIe siècle une riche demeure : le Château du Tertre.
Pour ceux qui sont fans d’urbex (exploration urbaine dans des lieux en ruines et/ou fermés au public), au bord du Canal et toujours sur la commune de Tronville se trouvent les ruines d’une ancienne cimenterie. J’ai même trouvé un dessin d’époque :

Il reste surtout le départ du pont (côté village) qui s’arrête dans le vide – mais heureusement, il y a un garde-corps. Côté forêt, on aperçoit derrière les arbres, dans la pente, des pans de murs plus ou moins hauts.
Guerpont : l’arrivée !
Notre balade se termine à Guerpont. Passée brièvement dans ce village en voiture cet hiver, je lui avais trouvé beaucoup de charme et je m’étais promis d’y retourner en prenant le temps. C’est désormais chose faite et je n’ai pas été déçue.
Dès l’entrée du village, une usine désaffectée vous accueille, au bord de la rivière. Un petit espace a été aménagé sur ce qu’il reste d’un ancien pont détruit pendant la guerre, avec des bancs et plusieurs panneaux expliquant l’histoire du village. L’usine Aubertel, idéalement située là pour bénéficier de l’énergie hydraulique, a d’abord été construite comme un moulin à céréales, avant d’accueillir une filature, une lunetterie et enfin, une fabrique de pantoufles ! Que de reconversion pour ce bâtiment témoin de l’histoire industrielle meusienne et qui appartient désormais à un propriétaire privé.

En remontant la rue principale, l’église située sur votre droite vous fera lever la tête. La route étroite ajoute encore à la hauteur de l’édifice, qui semble un peu trop grand pour ce petit village. Si on emprunte la ruelle derrière l’église, on se retrouve dans un petit havre de paix, dans lequel on resterait bien plusieurs heures à contempler l’eau, l’architecture et à simplement profiter de la quiétude ambiante.
Un étroit cours d’eau – le ruisseau de Culey – affluent de l’Ornain, borde une petite place. Près du pont se tient encore un lavoir de rivière. L’abri est toujours sur pied – sans doute refait – et les pierres érodées, que l’on voit à travers l’eau claire, délimitent le bassin autour duquel se réunissaient jadis les femmes du village.


Une belle demeure ancienne borde aussi la place. Le mur pignon et la tour d’angle, hexagonale, sont les derniers vestiges du château féodal de Guerpont. La tour accueillait une volée d’escaliers. On devine aussi, incrustée dans le mur, la forme d’une cheminée.
Voilà un joli coin paisible pour bien finir notre découverte des villages de la Vallée de l’Ornain. A vous de poursuivre maintenant la route, si le cœur vous en dit, en suivant votre instinct ! Il y a sans doute encore bien d’autres endroits romantiques à découvrir, faits de beaux murs en pierre et de points de vue sur l’eau. Je suis sûre que la Meuse n’a pas fini de nous surprendre !!!

Alors, dites-moi, est-ce que vous aussi vous aimez les petits village de pierres, traversés par des cours d’eau ? Y a-t-il des villages au bord de l’eau qui vous sont chers et au bord desquels vous aimeriez « vous la couler douce » ?
Si la Meuse vous intéresse, je vous invite à découvrir cet autre article que j’ai écrit sur mes premières (belles) découvertes suite à mon déménagement dans la région :
Votre commentaire